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LES SURVIVANTS DE LA COMMUNE

faire des mots dans le goût de celui-ci : « Néanmoins, il parle bien. »

— Les apôtres de l’Evangile selon saint Léon, dit-il, raconteront que nous sommes ici quelques douzaines d’esclaves ivres et de souteneurs de filles. Comptons-nous. Nous sommes quatre mille. Quand un pays est conduit par un idiot comme celui qui nous préside ; quand il a vu un autre citoyen surgir, pauvre, de la foule et avoir, après dix années, les poches pleines d’or et de la graisse à en revendre à tous les charcutiers de Paris, des réunions comme celles-ci sont rigoureusement nécessaires ! (Cela, dit avec un accent méridional qui soulève naturellement une tempête de bravos.) Il y a tous les jours dans les cités des brigands qu’on arrête. En matière financière, on les appelle un syndicat. Après avoir acheté à bas prix des actions tunisiennes, ces brigands ont eu l’idée, profitable pour eux seuls, deles faire remonter. Mais il ne s’agit pas de mots. Il faut des preuves. Les voici.

Suit un long défilé de preuves qui fatiguent visiblement l’assistance.

— Assez, crient quelques-uns.

— Citoyens, s’écrie Eudes, des opportunistes se sont glissés dans la salle et voudraient faire taire l’orateur. Je ferai remarquer qu’on nous a accusés de parler sans preuves. Il ne faut pas que le jour où nous en apportons, on crie : Assez !