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LES SECTAIRES DE LA COMMUNE

Novembre mord ta coupole échancrée ;
Comme une rouille, il ronge ton portail ;
Il pleut à flots. La fougère cuivrée
À l’ouragan tord son frêle éventail.
Ah ! quand le vent, cet orgue des tempêtes,
Fait éclater l’hymne religieux,
Dieux, montrez-vous, qu’on sache qui vous êtes…
Église sombre, as-tu de nouveaux dieux ?

Il fut ton Dieu, l’esprit des funérailles,
Le noir chaos, fièvre de l’infini ;
Mais, de ses mains, il s’ouvrit les entrailles
Et nous marchons sur ses os de granit.
Toujours la Terre a créé par secousses.
Pétrifié, ce Titan monstrueux
S’est tapissé de lichens et de mousses…
Église sombre, as-tu de nouveaux dieux ?

Quand Phydias sculptait des dieux de marbre,
Faune et Silvain hantaient les bois profonds ;
Vos cœurs battaient sous l’écorce de l’arbre,
Sèves de chair, nymphes aux cheveux blonds ;
Et dans la nuit qu’épaississent les branches,
Quand vous dansiez vos chœurs mélodieux,
L’œil devinait vos rondes formes blanches…
Église sombre, as-tu de nouveaux dieux ?

Cueillant Le gui qui pousse au chêne immense,
Vient le Druide à la faucille d’or.
La Mort s’ausculte et se sent Renaissance,
Pour s’éveiller nouveau, le corps s’endort.