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LES SURVIVANTS DE LA COMMUNE

Grâce à la protection d’un officier, il se rendit à Rouen où il avait un ami de collège.

Il lui dit :

— Je viens te demander l’hospitalité.

— Y penses-tu ? On te recherche ! Si on allait m’arrêter avec toi ?

Bref, l’ami, fort inquiet, alla demander conseil au commissaire de police. Celui-ci, le soir même, arrêtait l’ancien sectaire de la Commune et le dirigeait vers Paris.

Voilà Pain en prison, puis devant le conseil de guerre. On l’envoya à la Nouvelle-Calédonie, où il se retrouva avec Rochefort.

Là encore, il chercha à s’évader. Rochefort, qui pensait à se sauver avant même de partir, avait emporté dans ce but des fonds de bain, c’est-à-dire des planches de liège. Arrivé là-bas, il les coupa en morceaux, en fit deux ceintures.

— Nous ne pouvons fuir, dit-il à Pain, que par la mer. Comme nous ne savons pas combien de temps nous aurons à nager, il est bon que nous ayons de quoi nous soutenir en cas de besoin.

— Mais je ne sais pas nager du tout, répondit Pain.

— Eh bien ! apprenez.

Là-bas, vu la chaleur, on passait une partie de la journée dans l’eau. On serait mort sans cela.