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LES SECTAIRES DE LA COMMUNE

À la fin de l’Empire, Pain, qui n’avait que vingt-trois ans, sacrifiait, en vrai jeune homme, à la Muse, qu’il essayait parfois de rendre vengeresse. Il détestait l’Empereur, ce qui était fort à la mode chez les tout jeunes gens. En 1869, il allait à Sainte-Pélagie consoler la victime de Napoléon III, Charles Dacosta, que les « tendresses » de l’époque appelaient Coco. C’est dans le vaste couloir de cette prison qu’il connut Rochefort, également privé d’air.

Si Pain se mit à aimer le tombeur de l’Empire, on s’en doute. Il lui voua une réelle adoration que Rochefort, bien que stupéfait, se mit à lui rendre. Le « lanternier » l’attacha à sa fortune et le fit nommer, après le 18 mars, secrétaire général au ministère des affaires étrangères. C’est peut-être depuis ce temps que Pain s’imagine avoir été créé et mis au monde pour réformer la carte de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique.

Au 24 mai, pourtant, il oublia la diplomatie pour prendre un fusil. Les anciens fédérés racontent qu’il n’a cessé de se battre, sur la place du Château-d’Eau, qu’après plusieurs blessures. Vermorel le fit transporter chez deux jeunes filles qui le soignèrent. À peine guéri, Olivier ne pensa qu’à s’évader. Paris n’était point sûr pour lui.