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LES FEMMES DE LA COMMUNE

était surmontée d’un bonnet phrygien, on lisait : « La Sentinelle révolutionnaire — Groupe communiste-anarchiste du dix-huitième arrondissement. » Les deux drapeaux étaient également rouges. On se mit en marche.

Il y avait bien six mille personnes derrière le corps. Tout le long du trajet, la foule allait s’accroître. Çà et là, en effet, des groupes attendaient. Chaque fois qu’on en voyait un, les anarchistes hurlaient : « Vive la révolution sociale. Vive l’anarchie. » À certain endroit, un enfant, qui croyait bien faire, répondit : « Vive la monarchie. »

Devant une caserne, on cria : « À bas l’armée ! » Devant une église : « À bas la religion ! »

Il n’y a pas à se le dissimuler. Une fois de plus, les blanquistes ont été vaincus. Les anarchistes ont confisqué le corps à leur profit. Ils étaient pourtant en minorité, mais ils avaient l’audace, et c’est toujours la minorité audacieuse qui réussit.

— Je ne les aurais jamais crus capables de cela, disait à côté de nous un blanquiste en montrant la bannière anarchiste.

Rochefort, qui n’est décidément pas bête, prit le parti de dissimuler la défaite des blanquistes. À un moment, il prit même la défense des anar-