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LES SURVIVANTS DE LA COMMUNE

Comme on l’emmène, de nouveaux cris s’élèvent :

— Vive Louise Michel ! le peuple l’acquitte !

Et quelques jours après, le soir même de la fête nationale, pendant qu’on essayait, sous la pluie, d’illuminer les monuments publics, on avertit la condamnée, encore à Saint-Lazare, qu’elle aurait le lendemain à se lever de très bonne heure ; on la pria de faire son paquet.

Son paquet, c’est le mot. En un mouchoir, tout son bagage fut contenu.

Le lendemain matin, à cinq heures, elle était debout. Deux agents vêtus en bourgeois vinrent la chercher et la firent monter en voiture. À cinq heures cinquante, elle prenait place, au chemin de fer du Nord, dans un wagon cellulaire. À huit heures moins le quart, elle descendait à Clermont.

Le nouveau directeur de la maison centrale, M. Gent, frère du sénateur, l’attendait sur le quai.

— Madame, lui dit-il textuellement, vous avez été matinale, aujourd’hui.

— Il ne faut pas m’en féliciter ; c’est malgré moi. Oh ! j’ai bien froid.

Elle grelottait. Elle avait l’air très fatigué.

Il la fit monter, toujours entre les deux agents,