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LES FEMMES DE LA COMMUNE

tirer sur, leurs généraux. M. Bonaparte n’eût pas été épargné et nous n’aurions pas aujourd’hui de la boue jusqu’aux joues !

Condamnez-moi, fût-ce à vingt ans de bagne. Auparavant, vous m’entendrez vous parler de liberté, d’égalité. Moi aussi, j’ai pris ces mots au sérieux. J’aurais pu rester institutrice ! Alors je n’aurais pas vu la Commune, Nouméa, ma mère insultée par les policiers.

Maintenant j’ai tout vu. Je ne crains rien. J’aime mieux être en prison qu’au pouvoir, comme mes amis Gautier et Kropotkine. Eux aussi, je les aime mieux là. Les grandeurs donnent le vertige.

Ah ! les soldats ont porté nos brochures à leurs officiers ! Et leurs officiers leur portent-ils les mots d’ordre qu’ils reçoivent à Chantilly ? Cependant, je ne reproche rien aux d’Orléans, ni aux Bonaparte. Ce n’est pas leur faute s’ils sont fils de loups.

 

Notre société, où chacun lutte pour l’existence, ressemble au radeau de la Méduse. Mais, au delà de vos prisons, je vois le progrès qui se lève. J’ai crié le cri du peuple qu’on mène aux hécatombes et qui se plaint ! Mon ambition est de le voir heureux, de sentir naître en l’humanité de nouveaux sens, d’écraser la petite vanité individuelle.

Condamnez-moi pour mes délits de parole, j’en commets encore en ce moment, mais ne cherchez pas de