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LES FEMMES DE LA COMMUNE

là. Sous Louis-Philippe, c’étaient des infirmières laïques qui tenaient la prison. La République de 48 découvrit contre elles tellement de sujets de plaintes qu’elle jugea nécessaire de les remplacer par des Sœurs !

La porte de la cellule de Louise Michel était, comme toutes les autres d’ailleurs, garnie d’un guichet par lequel on pouvait la surveiller.

L’unique sœur de garde n’ouvrait le guichet que pour demander à la prisonnière si elle n’avait besoin de rien. Elle ne franchissait la porte que si Louise le désirait. La sœur s’acquittait si doucement de sa mission que la citoyenne s’est toujours crue et se croit encore forcée de la complimenter.

Il est vrai qu’on n’a jamais vu prisonnière plus calme. Du matin au soir, elle écrivait, tantôt des lettres qui naturellement passaient sous les yeux du directeur, tantôt un chapitre de roman.

Elle faisait aussi beaucoup de questions sur le régime de la prison, prenant des notes pour un ouvrage qu’elle rêve et qui se déroulera à Saint-Lazare.

Elle n’avait alors que deux soucis : sa mère et sa nichée de chats.

Elle subissait presque chaque jour un interrogatoire.