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LES FEMMES DE LA COMMUNE

La manifestation populaire ressembla à ces batailles après lesquelles chacun des combattants rédige un bulletin de victoire.

Le soir, la police a pu se frotter les mains. Elle a triomphé sans trop de peine.

De leur côté, les ouvriers, qui ne voulaient que se montrer, ont eu le droit de se vanter de s’être trouvés suffisamment exacts au rendez-vous. Voici d’ailleurs le récit minutieux de la journée.

À dix heures du matin, l’esplanade des Invalides avait encore sa physionomie ordinaire. On y voyait bien quelques gardiens de la paix, et de rares ouvriers. Mais aucun groupe.

Dans le jardin de l’hôtel, au contraire, deux cents ouvriers à peu près contemplent les canons de Louis XIV, puis entrent dans l’hôtel même. Là, ils rencontrent d’autres anarchistes, dont les uns visitent le tombeau de Napoléon Ier, les autres la chapelle où l’on est en train d’enterrer un vieil invalide. Ils retirent leur casquette et écoutent pieusement un bout de messe. Singulière préparation à une manifestation socialiste !

Longtemps encore, ils attendront à l’intérieur de l’hôtel, lisant l’histoire de France sur les fresques de Benedict Masson. Le panneau de l’Établissement des Communes a dû les faire rêver.

Vers midi seulement, tous vont sur l’Esplanade.