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LES SURVIVANTS DE LA COMMUNE

Elle paraît à la tribune, toujours vêtue de noir et son grand voile tombant derrière elle. Mouvement d’attention. Silence général.

— Je vous dirai d’abord comment je comprends le socialisme. Je ne veux plus de guerres. Je rêve une seule nation dont fera partie l’univers entier. Je veux la fin des ambitions locales et personnelles et le triomphe de la race humaine tout entière…

— Des mots ! s’écrie quelqu’un.

— Allez donc dire cela à Berlin ! fait un autre.

— On me rappelle la Prusse, s’écrie-t-elle. Soit ! C’est devant les Prussiens, c’est à Sedan que la Commune à pris naissance, car nous avons eu avec nous autant d’indignés que de vrais socialistes. Et qu’on nous bénisse. Sans nous, tous les vautours de toutes les royautés se seraient abattus sur la France. Par malheur, nous avons été vaincus. Ce n’est pas pour le triomphe de gouvernants tels que ceux que vous connaissez que nous avons versé notre sang. Toutefois, je ne leur en veux pas. Ce ne sont pas eux qui sont mauvais, c’est le pouvoir. Je n’en veux qu’aux quinze de la commission des grâces. Ah ! de ceux-là je peux dire les noms. Les savez-vous ? Les voici.

Et après avoir débité les quinze noms, elle ajoute solennellement :

« Quant aux soldats, je leur pardonne ! »