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LES FEMMES DE LA COMMUNE

— Les présidents, dit-elle, n’ont jamais servi à rien. Nous n’avons donc pas besoin d’en élire un. Les orateurs parleront selon leur numéro d’ordre. Citoyennes, aux situations désespérées, il faut opposer des moyens désespérés. Mères de famille, ouvrières mariées ou non, la femme est esclave. L’heure est venue de nous révolter. Voilà pourquoi j’ai fondé la Ligue des femmes. Il faut que la femme soit libre. Pour cela, elle n’a qu’à se mettre en grève. Ne travaillez plus, ne vous livrez point. Plus d’ouvrières, plus de femmes perdues. Toutes en grève ! Les femmes qui répondent à mon appel ne sont pas compromises. Je brûle leurs noms et je les classe par numéros. J’ai déjà enregimenté beaucoup de pauvres créatures qui ont mené, hélas ! une existence épouvantable, mais qui m’ont écrit : « Nous ne voulons pas que nos filles soient comme nous… »

Il faut entendre Louise dire cela ! Quand elle parle de la débauche, on dirait qu’il lui sort des crapauds de la bouche. On sait que la grande citoyenne eût mérité, beaucoup mieux que certaine héroïne de Dourdan, la fameuse couronne.

Après divers orateurs, M. Desprez vient déclarer qu’il n’est qu’un ouvrier, que son métier lui suffit pour vivre, qu’il n’a pas de capital, il est vrai, mais parce qu’il n’a pas fait d’économies. D’après lui, l’économie est le dernier mot de la