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LES SURVIVANTS DE LA COMMUNE

n’a jamais eu l’ombre de coquetterie, elle vivait de rien, s’occupait constamment, soit de la main, soit de la plume. Ses amies seules avaient le droit de se plaindre des impôts qu’elle levait sur leur bourse, surtout après la mort de sa vieille amie.

» Elle arrivait à huit ou neuf heures du soir, après ses leçons et disait naïvement :

» — Il n’a pas dîné.

» Si le garde-manger était vide, un pot de confitures faisait l’affaire. Du café noir, quand il n’y avait que cela. Elle ne fit jamais, je pense, d’autre cuisine, elle ne vivait guère que de café. Elle en prenait en cachette, sa vieille amie couchée, et le fabriquait dans une cafetière fantaisiste cachée dans un coin de sa ménagerie.

» Toujours au dépourvu, avait-elle des lettres à écrire, elle les écrivait dans un coin.

» Il n’a pas de papier. Il n’a pas de timbre, et cela coûtait quelquefois plus cher que le dîner.

» Rarement elle empruntait de l’argent ; il arrivait quelquefois qu’on lui en donnât pour un besoin urgent. C’était un tort. Il y avait toujours à sa porte un malandrin ou une drôlesse qui l’en débarrassait.

» Si maintenant elle dîne tous les jours, si elle porte une rotonde fourrée, c’est que quelqu’un