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LES FEMMES DE LA COMMUNE

circonstance, elle en faisait quelquefois les paroles. Les enfants l’adoraient.

» Après ses classes, elle allait faire la lecture à un vieillard aveugle et courait à la Bastille lorsqu’elle n’avait pas à visiter quelque malade ou quelque infirme. Toujours prête à rendre service et à ouvrir la main, même aux indignes, elle plaidait leur misère avec tant d’éloquence qu’on finissait toujours par donner ce qu’elle demandait. Elle avait une manière irrésistible de dire certaines phrases qu’elle soulignait d’un regard plein de reproches de ses yeux de velours, éclairant alors un front d’une blancheur nacrée, et couronné de cheveux châtains d’une extrême finesse.

» Quels ravages la passion et la folie ont faits sur ce visage ! Louise écrivait une bonne partie de la nuit ; elle possédait des qualités éminemment poétiques, l’invention, le sentiment et le souffle ; mais il lui manquait l’esprit de suite et la réflexion. Ce qu’elle a commencé de travaux est inimaginable ; aucun, je crois, ne fut terminé. Elle avait cependant un certain ordre, mettait au net dans un livre de copies tous ces commencements de poésies ou de prose, laissant entre eux des pages blanches, qui ne furent, hélas ! jamais remplies. Il y avait là des pensées puissantes et