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LES SURVIVANTS DE LA COMMUNE

deux fois Victor Hugo ; à son admiration pour le poète se joignit une affection passionnée, que je puis certifier au-dessus de toute suspicion. Une correspondance assez suivie développa l’exaltation généreuse de ce cerveau mal équilibré. Peu à peu les théories humanitaires du maître, agrandies par les mystérieuses et mystiques formes qu’il emploie pour les hausser au ton prophétique, remplacèrent les grandes croyances et les humbles vertus chrétiennes ; la jeune fille rêva de se dévouer au salut de l’humanité ; l’orgueil latent au fond de notre pauvre espèce lui souffla, non pas la passion de l’héroïsme, mais l’ambition d’être une Jeanne d’Arc ou une Charlotte Corday. L’abominable politique complétant toujours les leçons de la philosophie moderne l’a conduite aux abîmes. Lorsque je connus Louise, elle n’en était pas là, elle dirigeait et soutenait de son talent et de son dévouement la maison d’une très vieille institutrice, préparait avec zèle ses élèves à la première communion. Ses jeunes filles remportaient les premières places au catéchisme ; Louise très savante, était fort appréciée des catéchistes, bien que les notes qu’elle prenait aux instructions fussent illustrées de croquis humoristiques dont ils riaient les premiers. Elle leur composait de jolie musique pour les cantiques de