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LES FEMMES DE LA COMMUNE

qu’on ne saurait peindre. Il y a de ci, de là, des groupes de dix personnes dont aucune n’a pied. On dirait vraiment des flots humains. Aux descentes, cela devient terrible. On a beau frémir, on est poussé tout de même. Enfin, l’on respire. On se trouve, sans savoir comment, à la porte du cimetière.

Là, nouvelle bagarre.

Un autre courant se produit. C’est l’héroïne de la cérémonie que l’on acclame, que l’on entraîne. Elle essaie, pour échapper à l’ouragan, de monter dans un fiacre qui stationne devant l’administration du cimetière. Le cocher se refuse énergiquement à la laisser monter. Il a été loué par l’inspecteur du Père-Lachaise.

Louise Michel prend un autre chemin. Deux mille hommes la suivent, hurlant : « Vive Louise Michel ! Vive la Révolution sociale ! » avec calembour, car on n’ignore pas que tel était le titre de son journal.

Alors, spectacle étrange, inouï, un des cinq officiers de paix de service au cimetière, un jeune homme au visage de créole, s’avance et lui dit :

— Mademoiselle, permettez-moi de vous ouvrir un passage.

Naturellement il y parvient.