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LES SURVIVANTS DE LA COMMUNE

— Vraiment, citoyen, continue-t-elle, on retire son ruban avant d’entrer dans nos réunions.

— Permettez, madame, réplique Lapommeraye, ayant l’habitude de le porter dans la rue, je juge à propos de ne l’ôter nulle part.

Et, sur ces mots, il salue et se retire.

La citoyenne, qui s’était permis cette algarade, était une petite blonde à la figure chiffonnée. Quarante ans à peu près. Toilette assez propre.

C’était la Désirée. On affirme qu’à la fin de l’Empire, elle était assez désirable.

Elle ne tenait toutefois son prénom que de sa marraine.

Quant à son nom de famille et à celui de son mari, l’un et l’autre sont restés des mystères.

Les mémoires secrets sont toujours pleins de saveur. Je bénis le hasard qui, de temps en temps, veut bien m’en livrer un chapitre.

Les héros des lignes suivantes seront, outre la Désirée, Napoléon III et Gustave Flourens.

La Désirée venait de perdre son mari.

Celui-ci, qui était un républicain ardent, l’avait rendue ultra-radicale. On se souvient de l’effervescence, qui troubla Paris à la fin de l’Empire. La Désirée y prit part, marchant à côté des