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LES SURVIVANTS DE LA COMMUNE

Il a passé huit ans au bagne, séparé naturellement de sa femme, une charmante personne qu’il adore. En Calédonie, il a souffert tout ce que l’on peut imaginer. Il n’en veut à âme qui vive. Il est si content d’être revenu qu’il eût donné même à M. Jules Ferry une loge à demi-droit.

Mais attention !

Pour commander autre part que sur un théâtre, pour jouer en pleine vie un vrai drame, au milieu d’une fusillade réelle et d’un incendie pour de bon, le comédien Lisbonne, monté et vêtu comme Marceau, agiterait, bel et bien, son grand sabre en criant à la foule :

— Enfants de la République universelle, l’heure de la délivrance a sonné. Pour l’extinction de l’infâme classe bourgeoise, pour la mort des ignobles patrons, pour l’indépendance des pauvres travailleurs, levez-vous. Suivez-moi. En avant et toujours en avant ! Arche !!

Dire que le jour viendra peut-être où tu nous feras peur, colonel !

En attendant, Lisbonne entreprenait, quand il était directeur, tout ce qu’il pouvait pour attirer du monde à son théâtre.

Bien qu’ayant une jambe presque immobi-