— Et si mon second ouvrage n’a pas de succès ou si je n’en publie pas un second ?
— Ma foi, le livre est à vous, vous en ferez ce que vous voudrez, mais je vous conseillerai d’en faire ce que je fais, en pareil cas, des livres qui m’appartiennent.
— Que deviennent donc ceux-là ?
L’éditeur répondit froidement :
— Je les mets au pilon.
Henri frémit comme s’il venait d’apprendre tout à coup que l’homme qui lui parlait n’était autre que le bourreau.
— Tenez-vous à savoir exactement reprit l’éditeur, combien on m’a demandé d’exemplaires de votre canard ?
— Je ne viens ici que pour cela.
— Eh bien, sans parler de ceux que j’ai envoyés d’office et qui me seront sans doute presque tous renvoyés, j’en ai vendu vingt deux exemplaires !
— Oui, fit en soupirant Henri, c’est le compte d’hier !
— Et le compte d’avant-hier et le compte d’il y a trois jours… Il y a ce vieux monsieur qui en a pris vingt à lui tout seul. Ça m’avait même donné de l’espoir. Il y a cette dame voilée qui en a acheté un et