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chez moi, je ne manque jamais de parler à ma concierge, afin de m’assurer que je n’entre point chez mes voisins ou chez vous, monsieur.

Qu’est-ce que vous faites-là ? Vous tenez à interroger la concierge de M. Dumas ? Vous avez raison : ne perdons pas cette occasion d’entendre l’accent de la conviction.

« Salut, madame. M. Dumas est-il chez lui ?

— Non, messieurs. Il est à la campagne depuis hier.

— Merci, madame. »

Oh ! que cela ne vous décourage pas. Voilà un an que M. Dumas est à la campagne depuis hier ! Voilà un an que, sans s’être démentie une seule fois et sur un ton tellement naïf qu’il en est effronté, ou, si vous le préférez, tellement effronté qu’il en est naïf, la concierge promène ainsi M. Dumas et le monde. On ne l’en a pas priée, mais vous comprenez que c’est pour son escalier. Il n’y a qu’une seule chose que les concierges soignent mieux que leur chat, c’est leur escalier. Malheureusement les amis de Dumas ont le mot ; elle y gagnera une maladie.

Si vous voulez dorénavant parvenir chez le maître, orientez-vous donc bien de façon à n’avoir pas besoin de la concierge. Nous sommes sous la porte cochère. Vous voyez à gauche cette unique porte vitrée ? Ouvrons-la. Nous voici sur l’escalier. Montons. Ah ! montons encore. Dumas demeure haut. Dumas, qui devrait avoir plusieurs voitures dans un bel hôtel à lui ; Dumas, qui tutoie dix princes et vingt princesses ; Dumas, qui déteste monter et que l’escalier fatigue, loge, comme un poëte inconnu, au quatrième étage. Les raisons de cela, nous prendrons le temps de les énumérer ; elles déshonorent plus d’un de ceux qui se prétendent ses amis.

Nous arrivons sur le palier, où nous trouvons deux portes à deux battants. Sonnons à celle de gauche. Dumas a au-