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Ce tableau, peint en trois heures et représentant un roi qui du haut de son cheval de bataille compte les morts, me produit, chaque fois que pour le regarder je m’arrête dans cette antichambre, l’effet d’une grande enseigne, — de trois enseignes en une seule. Il me dit : « Ici l’on improvise ; ici on lutte ; ici l’on peint. »

Improvisation gigantesque vraiment que celle qui, sans se lasser, ne cesse pas de jaillir de ce quatrième étage sur Paris, sur la France, et qu’instantanément la vapeur, qui la représente si bien, porte dans le monde entier !

Triste lutte vraiment que celle de la pyramide qu’essayent de gratter des écrivailleurs au tact trop incertain pour en apprécier la solidité, contre laquelle les gargotiers littéraires viennent vider leurs ordures, et qui est là, fixe, inébranlable, montrant « qu’elle reste » à des gens qui ne voudraient pas voir sa stature, lors même qu’ils seraient assez grands pour cela.

Ici l’on peint. Tout à l’heure, en entrant dans ce corridor, nous verrons à gauche une petite porte, la porte sacrée, fermée presque à tous les mortels, et où quotidiennement des anges, des saints descendent se fixer sur la toile ; car Dumas a une fille, elle vient de vous le prouver par un curieux roman : Au lit de mort. S’étant durant douze ans sentie inhabile à lutter avec son père, elle se contentait, pendant qu’il peignait avec la plume, de l’imiter avec le pinceau. Mais elle s’est dit que les rossignols, dès que sont venus l’âge et le printemps, ont des chansons comme leur père, et Marie-Alexandre Dumas est en train d’écrire son second roman.