En voilà assez, je pense, pour donner à nos lecteurs une juste idée de l’Halaca et de l’Agada, et pour accoutumer en même temps son oreille aux tournures de leur langage. Venons maintenant à la Cabale du Talmud.
Les anciens orientaux ont distingué dans la vaste machine de l’univers deux mondes différens, l’inférieur et le supérieur ou le sublunaire et le superlunaire, et ont supposé une harmonie et une correspondance parfaite entre ces deux régions, ou, pour mieux dire, entre les parties de l’une considérées relativement aux parties de l’autre. On croit communément que les orientaux ont été stationnaires à cause de leurs castes et de leurs théocraties, qui les empêchaient de rien changer aux formes extérieures de leur culte, ainsi qu’à la routine de certaines professions qui étaient transmises de père en fils. Mais il nous paraît que cette opinion ne se trouve vraie que par rapport au premier de ces deux mondes, c’est-à-dire, au monde inférieur, car ces peuples se sont adonnés à l’étude et à la contemplation du supérieur, avec d’autant plus d’abandon, que leurs facultés étaient sous le joug de la contrainte et de la censure publique, pour tout ce qui les entourait de près. Nous nous flattons que notre avis ne paraîtra pas inadmissible à tous ceux qui ont des notions justes sur cette partie de la philosophie des anciens qui a pour objet le monde supérieur qui, dans l’origine a été appelé Cabale.
Depuis l’être le plus chétif ou le plus imperceptible de la création il y a une gradation, un enchaînement d’objets qui va jusqu’à l’homme, mais depuis l’homme jusqu’à l’être suprême il n’existe qu’un vide immense que l’esprit humain ne croit qu’apparent, et qu’il éprouve continuellement le besoin de remplir. Les anciens philosophes se sont constamment occupés d’une œuvre aussi difficile, et les derniers résultats de leurs longues recherches ont été :
- ↑ Voy. ce que nous disons du livre Zohar dans la seconde partie de notre Théorie.