Page:Chiarini - Le Talmud de Babylone, vol. 1, 1831.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 20 —

occasionna par son exemple ainsi que par la manière incomplète et un peu obscure dont il avait rédigé la Mischna. Cependant toutes ces explications allégoriques et remarques additionelles ne se trouvant pas à côté du texte qu’elles se proposaient d’éclaircir, mais étant au contraire dispersées dans plusieurs volumes, qu’on pouvait difficilement acquérir ou transcrire, ne servaient qu’à rendre la science de la loi, le patrimoine exclusif d’un petit nombre de docteurs. D’une autre part, comme l’étude de cette même loi constituait alors la seule occupation d’un peuple exilé de ses propres foyers, et qui espérait d’y rentrer moyennant une plus stricte observance de tous les préceptes que Dieu lui avait confiés, comme à titre de prédilection, tous les esprits penchaient vers des recherches de ce genre, et tachaient de faire la découverte d’autres traditions et interprétations inconnues, ou en forgeaient eux-mêmes de nouvelles. Ce fut alors, c’est-à-dire, un siècle environ après la rédaction de la Mischna[1], que Rabbi Johanan, chef d’école dans la terre d’Israël comme l’avait été Juda le Saint, s’appliqua à fondre ensemble tous les recueils dont nous avons parlé et qui étaient postérieurs à la Mischna. Il y ajouta en outre les fruits de ses propres veilles et recherches et en fit un commentaire méthodique de chaque ordre et traité ; de chaque chapitre et article du livre de Juda, à l’exception de ces parties de la loi qui comme nous l’avons dit ailleurs[2] ne pouvaient être pratiquées hors de la ville sainte et du Temple, ou qui présentaient des difficultés insurmontables

  1. R. Gedatia, dans le Chalcheleth Hakkabbaia, R. David Ganz, dans le Zemach David, R. Serira Gaon, dans le livre Juhasin, rapportent la rédaction de la Ghemara de Jérusalem vers la moitié et la fin du troisième siècle. Mais Maimonides, Abarbanel Elie Lévite et d’autres critiques juifs la mettent un siècle plus tard, c’est-à-dire, entre l’année 350 et 370. Nous préférons cependant la première opinion, car elle cadre mieux avec cette espèce d’impulsion que Juda le Saint avait communiquée aux esprits des docteurs de la Palestine en écrivant la Mischna. C’est pourquoi nous ne croyons pas que l’avis de quelques écrivains non-Juifs qui la placent entre le Ve et le VIIIe siècle, mérite d’être réfutée sérieusement. Voy. Wolf ib., p. 683.
  2. Dans plusieurs endroits de la Théorie du Judaïsme.