celui d’omettre aussi plusieurs explications qu’il n’a pas cru à propos de révéler ou qui étaient superflues relativement à l’état d’esclavage et de dispersion où vivaient alors ses coreligionnaires en Occident aussi bien qu’en Orient.
Il s’appliqua d’abord lui-même à lire et à expliquer l’ouvrage qu’il venait de composer en ajoutant de vive voix les éclaircissemens qu’il avait omis exprès ou oubliés. Et comme il jouissait d’une réputation générale[1] son travail devint le livre classique de toutes les Écoles et Académies qui florissaient alors en Palestine et à Babylone[2]. Tous ses collaborateurs et disciples se mirent à interpréter la Mischna, et publièrent à part plusieurs autres recueils de traditions et de remarques, qu’ils tenaient de la bouche de leurs maîtres ou qu’ils devaient à leurs propres recherches, et ils en firent autant de gloses du texte qui était le sujet de leurs discussions. Les principales de ces gloses sont parvenues jusqu’à nous sous le titre de מכילתות (Mekiltoth) תוספתות (Tosaphtoth) ברייתות (Baraitoth[3]) et elles dérivent toutes de l’école de Juda.
Ayant remarqué que l’auteur de la Mischna avait laissé quelques passages de la loi écrite sans explication, et que les explications qu’il avait recueillies tournaient presqu’exclusivement sur le sens littéral de cette même loi, ses disciples reprirent le Pentateuque de Moïse pour compléter le
- ↑ Maimonides nous rapporte à ce sujet qu’il passait pour l’homme le plus savant, le plus riche et le plus pieux de son temps ; de sorte qu’on a pu dire de lui : Depuis Moïse jusqu’à Rabbi nous n’avons pas vu d’hommes remplis d’autant de science et de dignité qu’eux, et après sa mort a cessé l’humilité et la crainte du péché. Le chef de ses écuries était plus riche que le roi Sapor.
- ↑ Voy. Buxt. Recen. Operis Talm. Nous parlerons un peu plus tard de ces Écoles et Académies. On prétend que Juda lui-même alla en Orient pour y expliquer la Mischna.
- ↑ Sur le noms des auteurs de ces livres voy. les Bibliothèques de Bartolocci et de Wolf, car nous voulons éviter autant que possible de toucher à des questions qui seront toujours interminables dans l’antiquité judaïque. Il est même probable que chacun de ces livres est l’ouvrage d’une école ou société entière plutôt que d’un seul individu.