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ששת סדרים) et par abréviation ש״ם les six ordres pour indiquer que toutes ces matières sont comprises sous six grandes cathégories dont nous parlerons bientôt[1]).

Il est évident que malgré la maxime de ne point écrire la tradition, les Docteurs de la loi, les Prophètes, les Juges, les Paraphrastes, les Maîtres d’école, les Scribes, enfin les Pharisiens ont dû travailler à plusieurs recueils des lois traditionnelles, tout en se disant qu’il valait mieux violer cette maxime qu’oublier la loi[2]). Nous le déduisons principalement de la différence du style qui règne dans le Talmud, ainsi que de divers degrés de pureté qui caractérisent sa langue. Mais St Épiphane nous en a laissé des preuves plus directes encore en nous indiquant jusqu’aux noms de ceux auxquels ces recueils étaient attribués par les Juifs de son temps. Voici ses paroles[3]. Les Juifs ont eu quatre genres de ces traditions qu’ils appellent répétitions (δευτερώσεις). Les premières portent le nom de Moïse le prophète ; ils attribuent les secondes à un Docteur appelé Akiva ou Bar Akiva. Les troisièmes passent pour être d’un certain Andan ou Annan que l’on nomme

    pour maxime : j’admets la loi (תורה) mais je ne reconnais pas la Cabale (קבלה) c’est-à-dire la tradition.

  1. Le mot הלכה (Halaca) aussi, peut être regardé comme une des différentes dénominations qui servent à désigner le Talmud, car on donne le nom d’Halaca à toutes les questions qui sont agitées dans ce livre. Voy. Buxtorf. Recensio Operis Talmudici, p. 249.
  2. Josua Hallevi nous dit expressément (ib.) qu’avant Juda le Saint, les disciples des savans ne fesaient que noter leurs doctrines par des signes d’abréviation, propres à les leur rappeler — signes dont il reste aujourd’hui plusieurs traces dans le Talmud.
  3. Haeresi XV. Judaïca p. 32. cf. Haer. XIII. XXXIII. p. 224. Il est clair, selon nous, que comme St. Épiphane parle des traditions de R. Akiva dans les mêmes termes que de celles de Juda le Saint, il doit faire allusion à des monumens couchés par écrit, ainsi que l’était alors la Mischna ; d’autant plus qu’à proprement parler les Juifs ne reconnaissent pour auteur de leurs traditions orales que Moïse. Il nous paraît aussi que malgré l’autorité de St Augustin, par les deux mots משנה et δευτέρωσις on a toujours signifié quelque monument écrit, car la tradition n’a pas besoin d’un autre nom pour être désignée.