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ner plus de latitude et de clarté aux questions qui y sont touchées en passant ou très-obscurément. Ajoutons, qu’autant de fois que le Talmud compare ensemble la Bible, la Mischna et la Ghemara il établit entre ces trois choses une espèce de gradation qui trouve son entier accomplissement dans la dernière[1]). Marshame est de notre avis lorsqu’il traduit le mot גמרא par τελείωσις (complementum) ainsi que Wolf nous l’apprend dans sa Bibliothèque[2]).

La Mischna et la Ghemara réunies ensemble dans un seul corps de lois portent communément le nom de תלמוד (Talmud) mot qui dérive du verbe : למד apprendre. Celui qui imposa ce nom au recueil entier des doctrines traditionnelles paraît l’avoir fait après la composition de la Mischna et de la Ghemara et ayant égard précisément à la signification de ces deux noms que nous avons regardée comme la moins probable, c’est-à-dire à la signification d’apprendre ou d’enseigner. Mais il n’est pas rare dans l’antiquité qu’un seul et même mot à double signification, ait été différemment interprété à différentes époques sans respecter le sens qu’on y avoit attaché dans son origine. Nous observerons en outre que celui qui s’avisa d’intituler Talmud ou doctrine la loi orale voulut peut-être la rapprocher, même par ce nom, de la loi écrite qui s’appelait Thora, c’est-à-dire doctrine ou discipline propre à nous tenir constamment sur le bon chemin[3]). Nous rencontrons d’autres noms qui ont été donnés au Talmud et qu’il faut apprendre à reconnaître. Ainsi on l’a appelé ספר בקבלה livre des traditions car il est censé les contenir toutes depuis Moïse jusqu’à ses rédacteurs[4]). Enfin on l’a nommé

  1. Voy. Théorie du Judaïsme Ire P.
  2. Wolf ib. p. 662.
  3. Pour éviter toute espèce d’équivoque il est à savoir que le mot Talmud se trouve souvent substitué aux deux expressions Mischna et Ghemara de sorte que ce n’est que par le sens ou par l’histoire qu’on peut reconnaître s’il vient pour la première ou pour la seconde, prise séparément ou pour l’une et pour l’autre ensemble. Voy. Bartolocci. Tom. III. p. 349.
  4. C’est dans ce sens que Maimonides (commentaire sur le Traité Avoth C. I.) accuse les Saducéens, les Baïthoséens et les Karaïtes d’avoir