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la maxime qu’il ne fallait pas coucher par écrit la tradition de crainte que tôt ou tard les idolâtres ne vinssent à s’en emparer et à la corrompre[1] le texte de la loi fut appelé tout uniment תורה (Loi) ou תורה שבכתב (Loi écrite) ; de même on nommait son explication traditionnelle תורה שפעל פה (Loi orale)[2]. Mais lorsqu’on commença à écrire la tradition pour empêcher que les Juifs en butte aux calamités et devenant plus tièdes d’esprit de jour en jour ne l’oubliassent, le premier essai de ce genre fut intitulé משנה (Mischna) δευτέρωσις (seconde loi)[3]. Comme la racine שנה en hébreu signifie répéter et lire et apprendre en rabbinique, on s’est partagé d’avis sur le véritable sens qu’il faut attacher à cette dénomination, Il y a des Critiques qui soutiennent que Mischna veut dire Loi répétée, ou Loi secondaire ; tandis que d’autres s’obstinent à croire que ce nom désigne tout simplement un corps de lois qu’il faut étudier avec soin et à plusieurs reprises pour se pénétrer de son esprit[4].

Il nous paraît que le premier qui s’est servi du mot Mischna pour indiquer la tradition a été un bon esprit, qui lui a accordé seulement la seconde place au tribunal de l’autorité divine en l’appellant seconde loi, et ce bon esprit a été peut-être un des fondateurs de la secte des Karaïtes. Quant à l’autre dénomination δευτέρωσις nous la croyons dérivée de l’usage d’intituler de la même manière[5] le der-

  1. Voy. Jo. Christoph. Wolfii Bibliot. Hebr. P. II. L. IV. de Talmud C. I. p. 664 et 665. R. Josua Hallevit auteur de l’Halicoth Olam ou de la Clef du Talmud, en donne pour raison que la loi écrite contient des mystères, dans les lettres, qui périraient s’ils étaient confiés seulement à la tradition et que la loi traditionnelle deviendrait équivoque et sujette à des discussions si elle était seulement couchée par écrit.
  2. Voy. Schabbath 31, 1.
  3. August. L. II. C. I. contra adversarium legis et prophet. : Nescit, dit-il, habere praeter scripturas legitimas et propheticas, Judaeos quasdam traditiones suas, quas non scriptas habent sed memoriter tenent et alter in alterum loquendo transfundit, quam δευτέρωσις vocant.
  4. Wolf ib. p. 660-662.
  5. C’est-à-dire δευτέρωσις ou δευτερονόμιον comme nous le pouvons