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L’AFFAIBLISSEMENT
DE
LA NATALITÉ FRANÇAISE


SES CAUSES. — SES REMÈDES

M. CHEYSSON. — À cette heure avancée, il serait sans doute prudent de renoncer à la parole. Si je ne me dérobe pas à mon tour d’inscription, je vais du moins m’efforcer d’être bref et d’éviter les redites, les orateurs qui m’ont précédé n’ayant guère laissé qu’à glaner après eux[1].

I

Il me semble que les points suivants sont acquis au débat :

Le ralentissement de la population française à côté de voisins prolifiques est inquiétant au point de vue économique, colonial, social, militaire : c’est « un péril national », dont il n’est pas permis de se désintéresser.

Bien que notre nuptialité décline (16 621 mariages de moins en 1889 qu’en 1884), elle n’a rien d’anormal : on a bien parlé d’atteindre les célibataires par des taxes spéciales ou par des rigueurs renouvelées de la loi Depponia, qui les déshéritait, « de sorte, dit Plutarque, que les Romains se mariaient, non pour avoir des héritiers, mais pour être des héritiers eux-mêmes[2]. » On a proposé aussi de dispenser les mariés de

  1. Voir, pour le détail des données numériques avec de nombreuses illustrations, la Question de la population en France et à l’étranger, par E. Cheysson. – (La Réforme sociale, numéro de juillet 1883, t. VI. 1ère série, p. 37-65).
  2. À Sparte, les femmes pouvaient se saisir des célibataires, les traîner nus dans les temples d’Hercule et leur infliger une correction sévère. À Rome, Camille força les célibataires à épouser les veuves des citoyens morts en défendant la patrie. Des lois d’Auguste réservaient les emplois de l’État aux gens mariés et reportaient sur les célibataires la charge des impôts des familles nom-