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CEYLAN.

dompté, affranchi de l’orgueil, lavé de la souillure de l’ignorance, insensible à l’aiguillon de la chair, à l’aiguillon de la vie. » — Les dieux mêmes sont envieux de son sort. « Celui-là dont la conduite est droite est comme la large terre, immobile ; comme le pilier qui soutient un portique, immuable ; calme comme un lac de cristal clair. » Pour lui, il n’est plus de naissances. « Tranquille est l’esprit, tranquilles les paroles et les actes de ceux qui se sont affranchis par la sagesse. Ils n’aspirent pas à une vie future ; l’appât qui les poussait à vitre ayant disparu, aucun nouveau désir ne se levant dans leur cœur, eux, les sages, s’éteignent comme une lampe qu’aucune huile nouvelle ne vient nourrir. » Telle est la félicité suprême. Ayant sondé le fond dernier des choses, Çakya-Mouni, comme les brahmes ses prédécesseurs, n’a rien trouvé qui résistât. Toute substance tâtée lui a fondu dans la main, et son étreinte n’a serré que du vide. Partout flamboient des fantasmagories illusoires, partout tourbillonnent et fuient des événements, l’oint d’être qui persiste : cessons donc de vouloir persister dans notre être. La nature trompe l’ignorant pour atteindre ses lins, mais le sage refuse de se laisser duper. Il échappe au mouvement sans trêve des apparences pour se réfugier dans le calme du néant. Il a fait le vide dans son esprit rien en lui ne remue plus, et si ses lèvres, se détendent encore, c’est en un sourire de charité et de com-