Page:Chevrillon - Dans l’Inde.djvu/45

Cette page n’a pas encore été corrigée
35
CEYLAN.

route s’allonge, toujours pourprée. — En bas, aperçue par instants, entre les colonnes des cocotiers qui descendent, une large rivière jaune, roulant avec véhémence, et au loin, dans le nord, noyé sous une marée de nuées grises, le déroulement vaporeux des montagnes. Là-bas, c’est le pays vierge où errent encore l’éléphant sauvage parent du mammouth disparu, et le veddah, dernier survivant des hommes préhistorique.

Quelques Cinghalais passent, des hommes velus d’un long jupon noué aux reins, le torse ni cheveux relevés en chignon, sveltes, bronzés, et des femmes gracieusement drapées, le bras levé, demi-ployé, s’abritent la tête d’une grande feuille raide qui leur sert de parasol. Une, au torse grec, aux traits aryens, sa peau de bronze mate sur la pourpre de son pagne, avec un geste classique pose un vase sur son épaule. — Passe en file indienne une famille qui semble rentrer de la chasse. En tête, l’homme en jupon rouge, un long fusil mince à la main, avance à petits pas timides. Le femme suit ; derrière, trottent deux petits tout grêles, tout nus, et le premier tient le gibier par la patte, une pauvre petite perruche jaune dont la jolie tête pend, les yeux fermés par la mort. Population heureuse et pacifique qui se perpétue sous les grandes palmes, qui trouve une nourriture facile dans le coco ou l’arbre à pain. Une famille