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CEYLAN.

grande université, comme celle de Bombay et de Bénarès, et plus tard, quand nous en serons dignes, avoir notre parlement, une assemblée nationale élue par un suffrage à plusieurs degrés ; tout cela, bien entendu, petit à petit et sans nous séparer du grand empire britannique, de l’Angleterre à qui nous devons d’être entrés dans le monde civilisé ».

Il ajoute qu’il est « aryen » : cela est aussi clair et sûr pour lui. qu’il est sûr et clair que je suis Français. Par suite, il s’estime l’égal de tout Européen, et il est supérieur a beaucoup d’Européens.

Pourtant il est trop anglais ; trop visiblement, l’Anglais est pour lui le modèle idéal de l’humanité. Une copie aussi parfaite n’est pas naturelle. Et puis tout cet étalage européen jure avec sa jupe blanche, avec certaines nuances asiatiques de sa physionomie. De même on aime mieux un Chinois avec une tresse et une robe bleue qu’un Japonais en jaquette et en chapeau melon. On se défie de l’adresse étonnante avec laquelle les personnages à peau jaune ou à peau noire nous imitent, et on se demande si l’imitation a plus loin que la surface, si le fond ne reste pas mystérieusement mongol ou nègre. Certainement celui-ci travaille à m’étonner par la froideur de son débit, par la raideur de son maintien, par la lenteur nonchalante du geste dont il prend une cigarette égyptienne dans son étui d’écaillé blonde.