Page:Chevrillon - Dans l’Inde.djvu/29

Cette page n’a pas encore été corrigée
19
CEYLAN.

Quelques-uns s’élancent très haut, surgissent au-dessus du fouillis de tous les autres, avec une courbe flexible, avec un élan fort et svelte, leurs palmes sublimes épanouies largement dans l’éther tiède.

Et la route rouge s’allonge entre des monceaux lustrés de palmes retombantes, des masses de végétation sombre où les lames végétales qui débordent font des éclats de lumière verte. Çà et là, de grands étangs d’eau noire, eau qu’on ne voit point, tant la végétation environnante s’y mire avec éclat et précision. De grandes bandes de lotus roses y traînent et ne semblent pas plus réelles que la verte image des palmes reflétées. Çà et là, toute blanche au tond d’un fabuleux jardin, une noble villa couronnée de coco tiers, galeries, vérandas, balustrades, perrons chargés de fleurs enchantées. Timides, grêles, des Cinghalais vont, race délicate et douce, aux grands cheveux d’ébène, aux grands cheveux de femme, race alanguie par le perpétuel été, par l’éternelle lumière humide. Ils vont avec lenteur, leurs sérieuses et placides figures, étrangement exotiques, exprimant une âme inconnue, l’âme qu’a pu former ce monde très éloigné du nôtre.

J’ai pris le train pour Kandy, et j’ai fait en wagon