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DANS L’INDE.

large et lumineuse, d’un bleu profond d’éther entre les étoiles qui flambent au ras de l’horizon, aussi claires qu’au zénith. Et la mer n’est pas obscure, mais pénétrée d’une lueur profonde, illuminée dans ses fonds par la clarté qu’elle a bue pendant la journée, sa surface tout éclaboussée d’astres réfléchis…

Quatre heures. — Les poussières blanches qui tachaient l’espace sont effacées. Seules, les larges étoiles palpitent d’un éclat devenu blanc. Maintenant, un peu de rose affleure à l’orient, un rose pâle, imperceptible. Tout d’un coup, ce rose a fait le tour de l’horizon, et c est comme un fluide profond et léger, d’une infinie ténuité, qui se fond délicieusement dans l’espace blanchâtre. Le bleu de l’eau apparaît, un bleu terne, neutre, chaste, qui n’est pas encore touché par le soleil. L’horizon recule, se limite, et le cercle des eaux s’élargit encore une fois dans la lumière.

5 novembre.

Arrivés cette nuit à Aden. Ce matin, en ouvrant yeux, j’aperçus la côte. Comment exprimer cela ? C’est une terre nègre, nue et noire, sous le soleil qui brûle, une montagne de houille écroulée dans la mer. Nulle vapeur, nulle végétation n’adoucit la silhouette aiguë des sinistres roches volca-