répondit Bronchure, jettez les yeux ſur ce frontiſpice, & jugez, par le titre de cet ouvrage, du plaiſir que la lecture doit vous en promettre.
La Marquiſe, piquée de cette curioſité qu’on pardonne à ſon ſexe, ouvrit le livre nouveau, & y lut ces mots.
« Recueil d’eſtampes choiſies, contenant les Portraits des Rois, Princes, Miniſtres, Courtiſanes, Auteurs, Acteurs & Comédiennes célebres, avec des vers au bas, analogues à leur Caractere. »
Ceci pourroit être bon, dit Madame de Sarmé, à ces mots elle ouvrit ce Recueil qu’elle parcourt avec un plaiſir malin, qui ne ſurprit point le Chevalier ; il devoit aimer un caractere qui étoit le sien.
Le premier portrait qui s’offrit aux regards de la Marquiſe, fut celui de Voltaire ; on liſoit au bas ce vers tiré de ſa tragédie de Marianne :
J’ai des adorateurs, & n’ai pas un ami.
Celui de la Gauſſin ſuivoit : ſa figure marquoit une vieille dont la voix rauque étonnoit ; on voyoit au deſſus ces vers qu’Oroſmane prononce dans Zaïre :
.....Eſt-ce-là cette voix
Dont les ſons enchanteurs m'ont ſéduit
tant de fois ?