Page:Chevrier - Le Colporteur, Nourse.djvu/21

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 15 )

louer votre taille. Le voilà bien, Madame, reprit le Chevalier, jamais il ne me parloit de vous, qu’il ne me fit entendre que vous me voyiez avec plaiſir, & que vous déteſtiez du meilleur de votre cœur toutes les Femmes qui me vouloient du bien. Ah ! convenez donc, repondit Madame de Sarmé, que cet Abbé eſt un effronté perſonnage dont il faut ſe débarraſſer. S’il avoit ſçu lire, repliqua le Chevalier, j’en aurois fait un honnête Curé de campagne, qui ſe ſeroit engraiſſé en nettoyant l’ame de mes payſans ; mais cela ne fait que négocier une intrigue, manger, s’enivrer & dormir. En ce cas, reprit la Marquiſe, faiſons-en un Chanoine d’une petite ville de Province, où il pourra végéter à ſon aiſe. C’eſt mon projet, Madame, répartit le Chevalier, les ſervices qu’il m’a rendus auprès de vous, m’engagent à lui faire un ſort ; & puiſque vous vous intereſſez encore à lui, ſa fortune eſt faite. J’en accepte l’augure, dit Madame de Sarmé, pourvu qu’il ne paroiſſe jamais à mes yeux. Holà, Juſtine, ſi le petit Abbé vient, congédiez-le. En ſeraije autant de votre Colporteur, répondit la femme de chambre ? Ou donc eſt-il, demanda la Marquiſe ? Dans votre Bibliotheque, reprit Juſtine. Eh, faites-le entrer ſur le champ. La femme de chambre fut à peine ſortie, que le Chevalier voulut ſe lever. La Marquiſe le fixa tendrement, il de-