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ſera pas fâchée d’entendre mes petites anecdotes ; elle les aime beaucoup. Eſt-ce que cette femme vit encore, repliqua la Marquiſe : mais elle doit avoir un ſiecle. Madame aime à rire, répondit le Colporteur ; la Comteſſe n’a que cinquante ans, & elle paſſe encore aujourd’hui pour une blonde aſſez piquante. Ah ! dites, s’il vous plaît, reprit la Marquiſe, qu’elle eſt d’un roux très-décidé, & que malgré ſon âge & la groſſeur de ſa taille, elle veut encore grimacer avec un air de prétention. Je vois, repliqua Brochure, que vous n’aimez point la Comteſſe. C’eſt, reprit la Marquiſe, une femme qui ne m’eſt rien, & que j’eſtimerois peut-être, ſi elle ne vouloit pas mettre un air d’importance dans des minuties qui ne doivent point attacher des gens de condition.

Je vous laiſſe parler, dit le Chevalier en les interrompant ; mais perſonne ne connoît mieux Madame de Prilly que moi, & je puis vous la définir en deux mots.

C’eſt une femme dévote ſans piété, haute ſans orgueil, galante ſans amour, tracaſſiere ſans méchanceté, & protectrice ſans crédit. La Campagne de ma mere eſt voiſine de la ſienne, & nous avons pendant les beaux jours occaſion de nous voir ſouvent. À quoi la Comteſſe vous emploie-t-elle, Monſieur Brochure, demanda Madame de Sarmé ? À former, répondit-il, ſa Bibliotheque des Théatres, aſſez reſſemblante à