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AVERTISSEMENT DE L’AUTEUR

Lorsque je publiai, en 1753, les Mémoires d’une Honnête Femme (1), je prévins que ce Roman seroit le dernier qui sortiroit de ma plume, et je comptois tenir ma parole, d’autant plus aisément que mes occupations partagées entre l’Histoire et le Genre Dramatique, prenoient tout mon temps. Éloigné depuis quatre ans de ma Patrie, et entraîné dans des pays où le goût de la politique m’avoit attaché, j’ai essuyé les manèges de la cabale, les bassesses de l’envie, et les désagrémens de l’autorité surprise. Ces tracasseries m’ont rendu à moi-même, et j’ai jugé que le métier de Politique ne convenoit qu’à un Négociateur, et qu’un particulier avoit toujours mauvaise grâce de défendre ou d’attaquer les Rois qui le méprisent ou qui l’ignorent.

Libre aujourd’hui du joug et des entraves que je m’étois imposé, je ne me mêle plus des querelles des Rois, mais toujours Citoyen, je ferai des vœux pour ma Patrie ; et parlant en homme qui vit dans une République

(1) Mémoires d’une honnête femme écrits par elle-même et publiés par M. de Chevrier (sic). Londres, 1753, 3 parties, in-12, puis Amsterdam, 1763, in-12.