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LE COLPORTEUR

rebelle se livre aux plaisirs que la Religion interdit aux Célibataires par état, vous vivez aujourd’hui dans un Royaume Catholique, où il n’y a plus de Jésuites qui pourront critiquer vos sublimes écrits, ni prêcher contre votre Apostasie que vous avez assez mal palliée aux yeux de la Cour de Rome ; car, n’en déplaise à votre supplique, quand vous faisiez des tapis à Windsord, vous n’étiez point l’Apôtre du Duc de Cumberland, qui vous payoit pour travailler à la Manufacture, et non pour lui prouver l’infaillibilité du Pontife Romain ; et, quoi que vous en disiez, vous n’étiez point à Rrunswick pour y établir les Dogmes de la Foi Catholique, que vos Sermons d’ailleurs n’auroient pas accrédités, parce qu’on ne parle gueres avec succès d’une Religion dans laquelle on ne vit plus.

Poursuivez en Portugal le cours de votre vie mémorable, il ne manque plus à votre gloire Apostolique, que de conduire le Père Malagrida au supplice, d’engager par vos saintes exhortations tous les honnêtes Juifs de Lisbonne à se familiariser avec le Jambon, et de finir par aller remplir en Corse la place de Grand Aumônier du Chef des Mécontents.

J’ai l’honneur d’être avec l’estime que vos Mœurs et vos Ouvrages méritent,

Mon Révérend Père, ou Monsieur, tout comme il vous plaira,

Votre très-humble et très-obéissant Serviteur, L’Auteur du Colporteur.