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mément aux idées de Descartes, une foule de phénomènes qu’on attribuait auparavant à des propriétés occultes, se livre à des considérations qui montrent tant d’analogie entre la disposition des esprits de cette époque et celle des esprits de la nôtre, que je les reproduirai textuellement :

« …Des philosophes qui valent bien Cardan, vous diront qu’il y a une certaine plante que vous n’avez qu’à toucher et presser dans vos mains, pour purger telle personne que vous voudrez sans qu’elle en sache rien.…

S’est-il jamais rien vu de plus merveilleux ! Touchez le haut des feuilles d’une de ces plantes, voilà d’abord un écoulement de corpuscules en forme de magnétisme qui vont exciter au vomissement la personne que vous voulez purger : touchez-vous la racine ; la purgation se fait par le bas.

N’en riez pas, Monsieur, et ne vous avisez pas de dire que cela ne peut être physique, ou bien résolvez-vous à être traité par Van Helmont de ridicule, de superstitieux, d’ignorant.

Je ne finirais point si je me mettais en train de vous rapporter des folies de cette nature. N’en voilà que trop pour conclure de quelles illusions sont capables des gens qui passent pour physiciens.

Ravis d’avoir expliqué mécaniquement quelques phénomènes, ils croient que rien ne peut les arrêter ; on les voit raisonner sur les choses les plus obscures et tout à fait inexplicables, comme s’ils y voyaient bien clair. Fables, prestiges, miracles, ils rendent raison de tout, et s’y prennent de telle ma-