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capitaux reconnus vrais au moyen âge auraient été mis de côté, puis oubliés, parce que leur connaissance n’aurait conduit à aucune vérité nouvelle, quoique réputés pendant des siècles des vérités réelles ? C’est, je l’avoue, ce que j’ai peine à comprendre. Or, cette difficulté, je ne l’élève pas comme hypothèse, elle est réelle.

Des personnes qui ont foi aux tables parlantes attendent les découvertes les plus brillantes, les plus imprévues, de ces merveilles qu’elles croient absolument nouvelles : eh bien, il faut qu’elles sachent que, loin de là, toutes ces merveilles ont été décrites dès 1693, 1694 et 1702 par les pères Lebrun et Mènestrier, avec cette seule différence, que les organes n’en étaient pas des tables, mais bien la baguette ou le pendule explorateur, comme on le verra dans le cours de l’ouvrage.

Que deviennent dès lors ces espérances de voir éclore en quelque sorte un monde nouveau qui enfantera des merveilles bien plus étonnantes que celles dont nous devons la connaissance aux sciences du monde visible ! Certes, que les esprits impartiaux pèsent l’observation que je fais, et ils verront qu’elle exprime une difficulté réellement grave, que les hommes professant la méthode à posteriori élèvent contre la réalité des merveilles dont on parle aujourd’hui.

22.Le silence que l’Académie des Sciences a gardé jusques ici[1] sur les tables tournantes a été interprété

  1. C’est le 1er de février 1854 que je lui communiquai les considérations qui font la matière de cette Introduction.