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ainsi dire, instantanée de la pensée par l’électricité, n’aurait trouvé que des incrédules, et cependant aujourd’hui ce sont des faits de tous les moments. J’accepte le raisonnement, et j’y ajoute que si ces inventions honorent le génie de l’homme, si leur utilité à la société est incontestable, il faut en rendre grâce à la science la plus élevée ; car le hasard, à qui l’on doit beaucoup sans doute, a été étranger à ces grandes choses : les éléments en ont été puisés dans les Mathématiques, la Physique et la Chimie, prises à leur plus haut degré d’abstraction. Et c’est pour m’être beaucoup occupé d’applications, que j’apprécie tout ce que vaut la science abstraite, et qu’à mon sens, hors d’elle, il ne peut exister aucun enseignement sérieux des sciences appliquées et progressives.

17.Je vais plus loin. Pour les esprits réfléchis, livrés à la culture de connaissances étrangères à la philosophie naturelle, l’étude de la méthode a posteriori, telle que je l’ai définie comme méthode expérimentale, ne peut être qu’extrêmement fructueuse, par là même qu’elle montre continuellement la voie la plus sûre pour arriver à la vérité. Un phénomène dépendant de la philosophie naturelle observé dans la nature, un atelier, un cabinet de physique, un laboratoire de chimie, éveille-t-il l’attention d’un savant de manière à l’engager dans la recherche de la cause du phénomène ; son esprit raisonne, se livre à des inductions, à des conjectures, d’après les rapports qu’il croit saisir entre ce phénomène et ce qu’il connaît ; mais ces inductions, ces conjectures ne sont que des hypothèses