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16.Il est tout simple, d’après cela, que la chute des pierres du ciel n’ait point été admise sans difficulté par les savants, quoique l’histoire des temps anciens et du moyen âge en eût parlé. Au reste, c’est ce qui arrive toujours lorsqu’un fait qui ne se lie à rien de connu parvient à la connaissance des savants par une voie étrangère à la science. J’explique la chose sans la justifier : mais le contraire ne serait-il pas un inconvénient bien autrement grave, si sans critique la science accueillait comme vérités tous les rêves et les prétendues découvertes sans cesse annoncées avec plus ou moins d’emphase ? Les principes seraient continuellement compromis ; la science, perdant toute certitude, rétrograderait au moyen âge, et la haute administration n’aurait plus intérêt à la consulter, au grand détriment de la société.

La méthode scientifique a une puissance réelle, puisque c’est elle qui établit, après examen, ce qu’il faut admettre comme vérité ou rejeter comme erreur lorsqu’il s’agit du monde visible ; et cela est si vrai, que ce même fait de la chute des pierres du ciel n’est devenu vérité qu’après avoir été constaté par la science.

Au reste, justice est rendue quelquefois aux sciences positives du monde visible par des gens qui les avaient attaquées d’abord. En effet, il n’est pas rare qu’oubliant eux-mêmes leurs attaques, et voulant disposer ceux qui les lisent ou qui les écoutent en faveur de leurs opinions sur les choses surnaturelles, ils s’écrient : Il y a cent cinquante ans, qui aurait parlé comme possible de la rapidité du transport des hommes et des choses par la vapeur, et de la transmission, pour