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reçoit le mouvement, sont extrêmement surpris de certains phénomènes produits par une cause motrice, dont l’action, très-faible dans une seconde, se continue durant un certain temps.

Par exemple, la pression d’un doigt sur un bloc de ^ pierre de quelques décimètres cubes devient sensible au moyen d’un index, comme Fraunhoffer l’a démontré au moyen d’un appareil très-ingénieux, dont M. Œrstedt avait vu les effets avec admiration.

Un pendule ordinaire, dont les points de suspension sont pris dans un mur, communique son mouvement d’oscillation à un pendule placé semblablement de l’autre côté du mur.

Le frottement exercé à l’extrémité d’une barre de fer longitudinalement met l’autre extrémité en vibrations sonores.

Ces faits démontrent comment des efforts excessivement faibles, mais continus et multipliés dans un même sens, peuvent mettre un corps en mouvement, dont la masse parait hors de proportion avec la cause motrice.

Enfin, il est bon de rappeler le cas suivant :

Un régiment marchant au pas militaire sur un pont suspendu, communique aux matériaux de ce pont des vibrations qui, suffisamment répétées, en opèrent la rupture, parce que la résultante de ces vibrations porte les molécules hors de leur sphère de cohésion. Or, cette rupture n’aurait point eu lieu si le pas du régiment eut été irrégulier, parce qu’alors si la résultante n’eût pas été égale à zéro, elle aurait été tout à fait incapable de surmonter la résistance des matériaux du pont.