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quatrequatre lettres de l’alphabet, séparées exactement par des intervalles égaux. Debout au-dessus, quelqu’un instruit dans la science des cérémonies magiques, vêtu d’étoffe de lin, ayant des chaussures de lin, la tête ceinte d’une torsade [pareille[1]] et portant à la main un feuillage d’arbre heureux, après s’être concilié par certaines prières la protection du dieu qui inspire les prophéties, fait balancer un anneau suspendu au dais, lequel anneau est tressé d’un fil très-fin et consacré suivant des procédés mystérieux. Cet anneau sautant et tombant dans les intervalles des lettres selon qu’elles l’arrêtent successivement, compose des vers héroïques répondant aux questions posées, et parfaitement réguliers, comme ceux de la Pythie… Nous demandâmes quel serait le successeur du prince actuellement régnant ; et comme on disait que ce serait un homme d’une éducation parfaite, l’anneau ayant touché dans ses bonds deux syllabes ΘΕΟ avec l’addition d’une dernière lettre, quelqu’un de l’assistance s’écria que la destinée désignait Théodore. La consultation n’alla pas plus loin, car nous étions convaincus que c’était lui, en effet, que le sort désignait. »

159.Ce passage a été cité dans ces derniers temps comme une preuve que les anciens connaissaient les tables tournantes, et je le reproduis avec assurance, pour montrer que les mouvements d’un anneau suspendu à un fil étaient un moyen de divination.

  1. J’ajoute ce mot. (Note de M. Naudet.)