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des personnes qui sont mises en justice, il faut des preuves certaines, des témoignages irréprochables, des indices constants, invariables, pleinement connus et qui n’aient rien d’équivoque.

C’est pour cela que l’Église a sagement condamné les épreuves qui se faisaient autrefois par l’eau, par le feu, par les duels et par d’autres semblables voies, pour se purger de certains crimes dont on était accusé, parce que, quoiqu’en ces épreuves on eut vu souvent des effets miraculeux, ils n’étaient pas naturels, et Dieu ne veut pas que l’on ait recours aux miracles qu’il n’est pas obligé de faire et qu’il n’a pas promis de faire pour rendre ces épreuves infaillibles. Beaucoup moins voyons-nous qu’il ait promis en aucun endroit de l’Écriture, de donner aux hommes ce talent de la baguette pour découvrir les crimes : ainsi il y aurait de la témérité d’oser assurer que ce soit un don de Dieu, n’en ayant aucune révélation, ni expresse ni contenue en aucune autre révélation, qui puisse avoir un rapport certain avec ces effets et ces indications que nous voyons.

Ainsi le talent de la baguette est inutile aux procédures de justice, parce que, si la justice les recevait, elle autoriserait des sortiléges. Je dis des sortiléges, car il est constant, sur tous ces faits exposés et observés exactement, en plusieurs expériences faites par des personnes non suspectes, qu’il n’est nul théologien qui ne soit obligé de dire, selon les règles de la foi, les oracles de l’Écriture sainte, la discipline de l’Église, les usages et les maximes de la morale chrétienne, que cette vertu prétendue de