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son opinion changea tout à fait lorsqu’il eut appris qu’on s’en servait pour découvrir des objets de toutes sortes, et que ses indications pouvaient porter non-seulement sur le présent, mais encore sur le passé et l’avenir.

En effet, on la consultait pour connaître la bonté des étoffes et la différence de leurs prix ; pour démêler les innocents d’avec les coupables ; découvrir les possesseurs légitimes d’un champ, d’une maison, d’une terre il y a plusieurs siècles ; pour savoir, dans un tel monastère où il y a plusieurs chambres, qui habite dans une telle chambre.

113.Admettre que la baguette, par son mouvement, fait connaître les choses qui rentrent dans les questions que je viens d’exposer, c’est, pour un esprit sérieux, reconnaître comme incontestable, avec le père Ménestrier, que la cause de ce mouvement n’appartient point au monde physique ; car il faut qu’une pensée et une intention aient quelque part aux indications de la baguette, et celle-ci, privée d’intelligence, ne peut être qu’un instrument passif entre les mains de celui qui la tient.

114.Le père Ménestrier, admettant comme prouvé le mouvement de la baguette tenue avec l’intention qu’elle indique ce qu’on veut savoir de sujets quelconques, conclut que la cause de son mouvement ne peut venir que d’un esprit ; et, comme cet esprit ne peut être ni celui de Dieu ni celui d’un ange, parce que la tradition nous en aurait prévenus, il faut qu’il soit celui de Satan. Conclusion identique à celle du père