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Marat ? reprend le vieux libraire, après une pause pendant laquelle il semblait rappeler ses souvenirs ; il n’y a que les Chaînes de l’esclavage ! — Je les possède, Monsieur. — Je ne vois rien autre chose de Marat, si ce n'est sa vie politique, qui est tout entière au Moniteur. — Et combien vaut le Moniteur ? — Trois cents francs.

J’avoue que trois cents tuiles sur la tête ne m’auraient pas été plus désagréables, tant j’éprouvai de dépit de sentir mon avoir bien et bien au-dessous de ce chiffre.

En somme, qu’avions-nous appris ? rien, ou presque rien ; mais, quoi qu’on nous eût dit, nous continuâmes ailleurs nos investigations.

Pendant que nous nous morfondions à chercher presque inutilement, un autre ouvrier, mais plus habile et plus fortuné, s’occupait à notre insu du même personnage. Cet ouvrier, c’était Constant Hilbey, dont une récente publication, intitulée Discours de Marat au peuple, se voyait chez la plupart des libraires de Paris. L’émotion que nous éprouvâmes ne se décrit pas ; il faut avoir soi-même partagé une passion analogue pour se rendre compte de l’effet que peut produire sur un amateur une trouvaille intéressante et inattendue. Aussitôt, deux exemplaires sont à nous ; puis, sans désemparer, nous nous informons de la demeure de l’auteur et des moyens d’entrer en relations. Nous étions transformé, car en un instant notre timidité naturelle avait fait place à une hardiesse