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quelques bribes et le traité des Chaînes de l’esclavage, nous promettant d’acquérir le surplus un peu plus tard, s’il était temps encore. Vain espoir : quand nous revînmes, tout avait disparu.

La lecture nous dédommagea amplement, car la lucidité des déductions historiques et les principes politiques contenus dans le traité des Chaînes de l’esclavage nous parurent si supérieurs aux théories modernes, que nous conçûmes pour Marat une profonde estime ; ce que nous avions entrevu de son caractère nous fit désirer ardemment de connaître cet homme que la plupart des historiens s’acharnaient à vilipender.

Le premier document qui s’offrit à nous fut son opinion complète dans le procès de Louis XVI ; plus tard, des extraits de ses discours ou de ses écrits, reproduits par les historiens, achevèrent de fixer notre choix parmi les révolutionnaires ; çà et là, c’était toujours même lucidité, mêmes principes, même zèle, même courage. Par ces rares qualités, Marat se révélait comme le plus digne de la glorieuse phalange des amis du peuple. Quel motif d’émulation pour un bibliophile de vingt ans qui s’identifie avec son personnage !

Toujours simple ouvrier, la gêne qui nous talonnait semblait opposer sans cesse à nos projets un obstacle permanent et invincible, sans pourtant amoindrir la fièvre toujours croissante qui nous pressait de connaître et d’acquérir.