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œuvres de Marat, étude qui permît à coup sûr au bibliophile la séparation des écrits politiques de Marat, des faux écrits si nombreux publiés sous son nom, ainsi que celle des écrits anonymes que l’ignorance, la cupidité et la malveillance lui ont encore attribués. Ce travail est véritablement ce qui constitue noire œuvre ; on va voir comment nous y avons été appelé, et avec quel zèle et quel amour de la vérité nous avons étudié notre sujet.

Nos premiers pas dans la carrière datent de 1845 ; nous avions alors vingt et un ans à peu près ; déjà notre goût pour l’étude de la Révolution Française était développé, sans que rien encore eût fixé plus particulièrement noire attention.

Certain jour, en nous rendant à notre travail, nous avisons à l’étalage d’un marchand de bouquins : Discours et opinions sur le procès de Louis XVI, Les Chaînes de l’esclavage, et plusieurs grosses liasses assez mal ordonnées, contenant un pêle-mêle de journaux in-octavo dépareillés, des imprimés de toutes sortes et de tous formats, où figuraient surtout des comptes-rendus de clubs, de sociétés populaires, tout un véritable trésor comme on n’en trouve plus depuis bien longtemps. Tout acheter était notre désir ; mais nous n’avions que 6 francs, c’était tout ce que nous possédions, et pour comble de malheur, nul moyen facile d’en avoir d’autres avant quelques jours. Que faire ? L’estomac nous invitait à passer outre, mais la passion l’emporte, et nous achetons pour 5 francs