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JEAN-PAUL MARAT.

<f Rejetez la richesse insolente : ce n’est pas dans cette classe que se trouve le mérite qui doit illustrer le sénat.

« Rejetez la jeunesse inconsidérée : quel fond pourriez-vous faire sur elle ? Entièrement livrée au plaisir dans ce siècle de boue, la dissipation, le jeu, la débauche absorbent tout son temps ; et pour fournir aux amusements dispendieux de la capitale, elle serait toujours prête à épouser la cause du Cabinet. Mais fût-elle exempte de vices, peu instruite des droits du peuple, sans idée des intérêts nationaux, incapable d’une longue attention, souffrant avec impatience la moindre gêne et détestant la sécheresse des discussions politiques, elle dédaignerait de s’instruire pour remplir ses devoirs.

« Choisissez pour vos représentants des hommes distingués par leur habileté, leur intégrité, leur civisme ; des hommes versés dans les affaires publiques, des hommes qu’une honnête médiocrité met à couvert des écueils de la misère, des hommes que leur mépris pour le faste garantit des appâts de l’ambition, des hommes qui n’ont point respiré l’air infect de la cour, des hommes dont une sage maturité embellit une vie sans reproche, des hommes qui se distinguèrent toujours par leur amour pour la justice, qui se montrèrent toujours les protecteurs de l’innocence opprimée, et qui, dans les différents emplois qu’ils ont remplis, n’eurent jamais en vue que le bonheur de la société, la gloire de leur pays.

« Ne bornez pas votre choix aux candidats qui se présenteront ; allez au devant des hommes dignes de votre confiance, des hommes qui voudraient vous servir, mais qui ne peuvent disputer cet honneur à l’opulent sans mérite, qui s’efforce de vous l’arracher ; et prenez vous-y de manière que le désir de vous consacrer leurs