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JEAN-PAUL MARAT.

mon bas-âge j’ai été dévoré de l’amour de la gloire ; passion qui changea souvent d’objet dans les diverses périodes de ma vie, mais qui ne m’a jamais quitté un instant. À cinq ans j’aurais voulu être maître d’école ; à quinze ans professeur ; auteur à dix-huit ; génie créateur à vingt.

« Voilà ce que m’a fait la nature et les leçons de mon enfance ; les circonstances et les réflexions ont fait le reste.

« J’étais réfléchi à quinze ans, observateur à dix-huit, penseur à vingt-et-un. Dès l’âge de dix ans j’ai contracté l’habitude de la vie studieuse ; le travail de l’esprit est devenu pour moi un véritable besoin, même dans mes maladies, et mes plus doux plaisirs je les ai trouvés dans la méditation. »

Il y a tout lieu de croire que ce fut en France que Marat vint parfaire ses études médicales ; mais ce que nous savons de source certaine, incontestable, et nous le démontrerons bientôt, c’est que ce n’est ni à Montpellier, comme l’assure l’historien Villiaumé[1], ni ailleurs en France que Marat fut reçu docteur en médecine, qualité tant contestée par l’historien Michelet[2].

Ce fut vers le midi de la France que Marat se rendit d’abord. Après un séjour dont nous ne saurions préciser la durée, nous constatons d’après Marat lui-même[3] sa présence à Toulouse, à Bordeaux où, pendant deux années, il cultive simultanément les

  1. Histoire de la Révolution française, édition in-8e, t. Ier, p. 183.
  2. Croyant se justifier, Michelet dit n’avoir pu vérifier le fait. À défaut de diplôme, il est constaté au titre de tous les ouvrages scientifiques de Marat, et à Almanach royal de 1779 à 1786.
  3. Dans son ouvrage sur l'Homme.